Alan Smithee : le pseudonyme des réalisateurs dissidents

Chaise de réalisateur vintage avec le nom "Alan Smithee" imprimé sur le dossier, sur un plateau de tournage classique.
Une chaise de réalisateur avec le nom "Alan Smithee", représentant le célèbre pseudonyme utilisé par les réalisateurs pour se dissocier de leurs films.

Le nom « Alan Smithee » est un pseudonyme utilisé par les réalisateurs de films souhaitant se dissocier d’un projet cinématographique. Ce pseudonyme a été une solution pour les cinéastes confrontés à des conflits sur le contrôle créatif ou des modifications importantes de leur travail. Cet article explore l’origine, l’utilisation et l’impact de ce nom dans l’industrie cinématographique.

Origines et utilisation d’Alan Smithee

Création du pseudonyme

Le pseudonyme « Alan Smithee » a été créé en 1968 par le Directors Guild of America (DGA). La première utilisation officielle de ce nom a eu lieu pour le film « Death of a Gunfighter » lorsque le réalisateur Robert Totten a été remplacé par Don Siegel, et que les deux réalisateurs ont souhaité retirer leurs noms du projet. Pour satisfaire les exigences de la DGA, qui stipule qu’un film ne peut pas être diffusé sans mention d’un réalisateur, le pseudonyme « Alan Smithee » a été inventé.

Conditions d’utilisation

Le DGA permettait l’utilisation du pseudonyme « Alan Smithee » uniquement sous certaines conditions strictes :

  1. Le réalisateur devait prouver qu’il n’avait pas eu le contrôle créatif du projet.
  2. Les conflits ou les modifications devaient être suffisamment significatifs pour justifier le retrait du nom du réalisateur.
  3. L’utilisation du pseudonyme devait être approuvée par le DGA.

Films notables sous le nom d’Alan Smithee

De nombreux films et projets télévisés ont utilisé le nom d’Alan Smithee. Parmi les plus célèbres, on trouve :

  • « Death of a Gunfighter » (1969) : Premier film crédité à Alan Smithee.
  • « Dune » (version TV de 1984) : Le réalisateur David Lynch a utilisé le pseudonyme pour la version longue télévisée de son film.
  • « Burn Hollywood Burn » (1997) : Un film métacomique sur Alan Smithee, réalisé par Arthur Hiller, qui a lui-même utilisé le pseudonyme pour ce projet.

La fin du pseudonyme Alan Smithee

Révélation au public

Au fil des années, l’utilisation du nom Alan Smithee est devenue largement connue du public. En conséquence, son efficacité en tant que couverture pour les réalisateurs insatisfaits a diminué. Le film « Burn Hollywood Burn » a particulièrement contribué à dévoiler le secret, rendant l’utilisation du pseudonyme obsolète.

Abandon par le DGA

En 2000, le DGA a officiellement abandonné l’utilisation du pseudonyme Alan Smithee en raison de sa notoriété. Depuis lors, les réalisateurs doivent trouver d’autres moyens de se dissocier de projets dont ils ne veulent pas être crédités.

L’impact et l’héritage d’Alan Smithee

Impact sur la carrière des réalisateurs

Le nom Alan Smithee a permis à de nombreux réalisateurs de préserver leur réputation professionnelle en évitant d’être associés à des projets qu’ils considéraient comme compromis. Cependant, l’existence de ce pseudonyme a également mis en lumière les conflits fréquents entre les réalisateurs et les producteurs, soulignant les défis du contrôle créatif à Hollywood.

Héritage culturel

Le concept d’Alan Smithee a dépassé les frontières du cinéma pour devenir une référence culturelle, représentant le désaveu et le conflit créatif. Le pseudonyme est parfois utilisé de manière humoristique ou critique dans d’autres médias pour évoquer des projets considérés comme artistiquement défaillants.

Alternatives contemporaines

Aujourd’hui, bien que le pseudonyme Alan Smithee ne soit plus utilisé, les réalisateurs disposent de diverses autres méthodes pour exprimer leur désaccord avec les versions finales de leurs œuvres, telles que des déclarations publiques ou des crédits de montage anonymes.

Conclusion

Le pseudonyme Alan Smithee reste un chapitre fascinant de l’histoire du cinéma, symbolisant les luttes pour le contrôle créatif et la préservation de l’intégrité artistique. Bien que son usage soit désormais révolu, son héritage perdure, rappelant les défis et les conflits inhérents à la réalisation cinématographique.

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