Les sombres secrets du baby farming à l’époque victorienne

Femme confiant un nourrisson à une famille à l'époque victorienne
Une mère confiant son enfant à une famille pour un paiement durant la période victorienne en Angleterre.

Le « baby farming » était une pratique tristement répandue à la fin de la période victorienne en Angleterre. Ce terme désignait le fait de confier des nourrissons ou de jeunes enfants à des familles ou individus en échange d’un paiement. Le manque de régulation de cette pratique a conduit à de nombreux abus, négligences, et même meurtres d’enfants, particulièrement lorsque les paiements étaient effectués en une seule fois. Cet article explore en profondeur le contexte historique, les raisons de cette pratique, ses conséquences tragiques, et les mesures ultérieures prises pour y mettre fin.

Contexte historique

La fin du XIXe siècle en Angleterre était une période marquée par des changements sociaux rapides et une urbanisation croissante. Beaucoup de femmes, notamment celles issues de milieux défavorisés, se trouvaient dans des situations précaires lorsqu’elles avaient des enfants hors mariage ou étaient incapables de subvenir à leurs besoins. Le « baby farming » est né de ces circonstances difficiles, où des mères désespérées cherchaient des solutions pour leurs enfants.

Les raisons derrière la pratique du baby farming

Plusieurs facteurs ont contribué à la montée du baby farming :

  1. Pauvreté et chômage : Les parents, souvent des mères célibataires ou des familles pauvres, ne pouvaient pas subvenir aux besoins de leurs enfants.
  2. Stigmatisation sociale : Les enfants nés hors mariage étaient souvent considérés comme une honte, poussant les mères à les confier discrètement.
  3. Manque de soutien social : L’absence de dispositifs de protection sociale pour les mères en difficulté les poussait à recourir à des solutions extrêmes.

Fonctionnement du baby farming

Les arrangements de baby farming variaient. Certains parents payaient des sommes régulières pour le soin continu de leurs enfants, tandis que d’autres effectuaient un paiement unique, espérant que les enfants seraient bien traités. Cependant, en l’absence de régulation, beaucoup de ces « fermiers de bébés » ne voyaient dans ces enfants qu’une source de revenu.

Abus et négligence

Les abus étaient monnaie courante dans le baby farming :

  1. Négligence intentionnelle : Les enfants étaient souvent sous-alimentés et mal soignés pour réduire les coûts.
  2. Infanticide : Dans les cas de paiements uniques, certains « fermiers de bébés » tuaient les enfants pour en accueillir de nouveaux et percevoir davantage de paiements.
  3. Conditions de vie déplorables : Les enfants vivaient souvent dans des conditions insalubres, sans soins médicaux appropriés.

Cas célèbres et indignation publique

Plusieurs cas célèbres ont suscité l’indignation du public et attiré l’attention sur cette pratique :

  1. Amelia Dyer : L’un des cas les plus infâmes, cette femme a été condamnée pour le meurtre de nombreux enfants confiés à ses soins.
  2. Margaret Waters : Condamnée et exécutée pour la mort de plusieurs enfants, elle était connue pour avoir exploité le système de baby farming de manière brutale.

Réformes et réglementation

Face à l’horreur suscitée par ces révélations, des réformes ont été progressivement mises en place :

  1. Législation : Des lois furent adoptées pour réglementer la garde d’enfants, notamment le « Infant Life Protection Act » de 1872, qui imposait des inspections et des enregistrements des nourrices.
  2. Soutien social : Le développement des services sociaux et des institutions de charité a progressivement réduit la dépendance des mères en difficulté au baby farming.

Conclusion

Le baby farming reste un chapitre sombre de l’histoire victorienne, révélant les dangers de l’absence de régulation et de soutien social pour les plus vulnérables. Les abus et tragédies associés à cette pratique ont cependant conduit à des réformes importantes, posant les bases d’un système de protection de l’enfance plus rigoureux.

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