L’origine de la langue des signes : une histoire de communication et d’inclusion

La langue des signes, souvent réduite à sa fonction de communication pour les personnes sourdes et malentendantes, révèle en réalité une histoire fascinante marquée par la richesse et la complexité. Loin d’être l’œuvre d’un seul individu ou confinée à un moment précis, la langue des signes est le fruit d’une évolution longue et variée, modelée par les besoins et les combats des communautés sourdes à l’échelle globale.

Aux Origines de la Langue des Signes

Les racines de la communication gestuelle plongent dans la nuit des temps, bien avant l’apparition de l’écriture. Les sociétés préhistoriques recouraient vraisemblablement aux signes et gestes en complément des sons pour échanger. Ce n’est toutefois qu’au fil des siècles que ces systèmes gestuels ont évolué pour devenir des langues des signes à part entière.

La première mention documentée de la langue des signes date de l’Antiquité grecque, où Platon, dans son œuvre « Cratyle », mentionne l’utilisation de gestes par les individus incapables de parler. Ces références, bien que sporadiques, ne témoignent pas encore d’une langue des signes pleinement structurée.

Le Développement en Europe

Le tournant significatif dans le développement de la langue des signes en tant que système de communication organisé s’amorce en Europe au XVIIe siècle. Charles-Michel de l’Épée, en France, est fréquemment reconnu pour avoir formalisé la langue des signes française (LSF) vers les années 1760. Sensibilisé par les capacités de communication des sourds, il a structuré leur système de signes et établi la première école pour sourds en France, posant ainsi les jalons de l’éducation des sourds en Europe.

En parallèle, Thomas Braidwood en Grande-Bretagne inaugure une académie pour sourds en 1760, élaborant une méthode d’enseignement intégrant les signes. Cependant, à la différence de l’approche de l’Épée, la méthode Braidwood privilégiait l’oralisme, les signes servant de complément à l’apprentissage de la parole.

La Propagation et l’Évolution

Au XIXe siècle, la langue des signes se propage au-delà des frontières européennes. Des enseignants, formés aux méthodes de l’Épée et de Braidwood, se dispersent à travers le monde pour ouvrir de nouvelles institutions éducatives pour sourds. Aux États-Unis, l’interaction de Thomas Hopkins Gallaudet avec l’Épée l’inspire à fonder la première école pour sourds américaine, jetant les bases de la langue des signes américaine (ASL) à partir de la LSF et d’autres signes locaux.

Pourquoi une Langue des Signes?

La langue des signes transcende la simple nécessité de communication. Elle est intrinsèquement liée à la lutte pour les droits et l’inclusion des personnes sourdes. La reconnaissance de la langue des signes comme un langage complet, doté de sa propre grammaire et syntaxe, représente une avancée majeure vers l’acceptation sociale et l’égalité des droits pour la communauté sourde.

Conclusion

La langue des signes, dans ses nombreuses variantes régionales et nationales, est le reflet de siècles d’histoire, de développement culturel et de luttes pour l’inclusion. Elle est un témoignage puissant de l’importance de la communication sous toutes ses formes et de notre capacité collective à transcender les obstacles pour tisser des liens les uns avec les autres.

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