L’expression « chienlit » : son origine et son usage par Charles de Gaulle
L’expression « chienlit » est devenue célèbre en France grâce à Charles de Gaulle, qui l’a utilisée pour qualifier les événements de Mai 1968. Cependant, l’origine et le sens de ce mot remontent bien avant cette période. Comprendre son contexte historique et son emploi par de Gaulle permet de saisir toute la portée de cette expression.
Origine et signification du mot « chienlit »
Le terme « chienlit » provient du vieux français. À l’origine, il était utilisé pour désigner un déguisement de carnaval grotesque ou ridicule. Il s’agit d’une contraction de « chien » et « lit », évoquant ainsi quelque chose de sale, désordonné et grotesque. Dans le cadre des carnavals médiévaux, où l’inversion des rôles et le chaos étaient de mise, les « chienlits » incarnaient l’aspect burlesque et anarchique de ces festivités.
Au fil du temps, le mot a évolué pour décrire une situation de désordre général ou d’anarchie. Ainsi, en dehors du contexte carnavalesque, il a pris une connotation péjorative, désignant quelque chose de mal organisé, confus et chaotique.
Usage par Charles de Gaulle
Charles de Gaulle a popularisé cette expression durant les manifestations et grèves de Mai 1968 en France. Le pays était alors secoué par une série de protestations étudiantes et ouvrières qui ont rapidement pris une ampleur nationale, paralysant le pays et remettant en question le pouvoir en place. Dans ce contexte de crise, de Gaulle a utilisé le terme « chienlit » pour exprimer son mépris face au désordre et à l’anarchie apparente des événements.
Sa déclaration, « La réforme oui, la chienlit non », visait à marquer une distinction entre la volonté de réforme légitime et le chaos qu’il percevait dans les actions des manifestants. En employant ce mot, de Gaulle cherchait à disqualifier le mouvement en le réduisant à une simple agitation désorganisée et destructrice, sans véritable projet constructif.
L’impact de l’expression sur l’opinion publique
L’utilisation de « chienlit » par de Gaulle a eu un impact significatif sur l’opinion publique. D’une part, elle a renforcé la détermination des partisans de l’ordre et du gouvernement, qui voyaient dans le général une figure d’autorité capable de rétablir la stabilité. D’autre part, elle a cristallisé la colère et la frustration des manifestants, qui se sont sentis méprisés et incompris par le pouvoir en place.
Cette dichotomie a contribué à polariser davantage la société française durant cette période de tensions intenses. Le choix de ce mot, avec ses connotations fortement négatives, a donc joué un rôle clé dans la communication politique de de Gaulle, soulignant son rejet catégorique de toute forme de désordre.
Conclusion
L’expression « chienlit », popularisée par Charles de Gaulle, est riche de significations et d’histoire. Son emploi durant les événements de Mai 1968 a marqué les esprits et demeure un exemple emblématique de l’usage du langage pour influencer l’opinion publique et renforcer une position politique. En somme, « chienlit » incarne l’idée d’un désordre anarchique et grotesque, opposé à toute notion de réforme constructive et organisée.
