Les façades fictives de Leinster Gardens : une histoire de camouflage et d’ingénierie

Les numéros 23 et 24 Leinster Gardens, situés dans le quartier de Bayswater à Londres, présentent une histoire singulière qui fascine autant les amateurs d’architecture que les passionnés d’histoires urbaines. Ces deux propriétés semblent, à première vue, être des maisons résidentielles typiques de l’époque victorienne. Cependant, une inspection plus approfondie révèle qu’il s’agit en fait de façades sans bâtiments derrière elles. Construites dans les années 1860, ces façades étaient destinées à masquer une interruption dans la ligne des maisons élégantes de la rue, interruption causée par la construction de la ligne ferroviaire souterraine du Metropolitan Railway, le premier métro du monde.

Origines et nécessités techniques

Lors de la construction du métro de Londres, certaines sections des voies devaient être à ciel ouvert pour permettre l’évacuation de la fumée et de la vapeur des trains à vapeur. Leinster Gardens, étant un quartier résidentiel de haute standing, les résidents et les développeurs ne voulaient pas que leur rue soit interrompue par une tranchée béante. La solution fut alors de construire des façades qui imitaient l’extérieur des autres maisons de la rue, avec des fenêtres peintes et des portes factices. Cette ingénieuse tromperie architecturale permettait de préserver l’aspect uniforme et élégant de la rue, tout en dissimulant la présence de la voie ferrée juste derrière.

L’impact sur le quartier

Les façades de Leinster Gardens ont non seulement maintenu l’esthétique de la rue, mais elles ont également servi d’isolation phonique, réduisant le bruit des trains pour les résidents voisins. Au fil des années, ces façades sont devenues une curiosité locale, attirant des visiteurs curieux de voir ces constructions qui sont littéralement « juste pour le spectacle ».

Évolution et légendes urbaines

Au cours des années, les façades de Leinster Gardens ont inspiré diverses légendes urbaines et anecdotes. L’une des plus célèbres raconte comment des invitations à des fêtes fictives étaient envoyées à ces adresses, piégeant ainsi les invités qui découvraient à leur arrivée qu’il n’y avait pas de maison derrière la porte d’entrée. Ces histoires ajoutent une couche de mystère et de charme à l’histoire de ces façades.

Conservation et héritage

Aujourd’hui, 23 et 24 Leinster Gardens sont protégés en tant que monuments historiques. Ils représentent un témoignage unique de l’histoire du développement urbain de Londres et de l’ingéniosité des solutions architecturales face aux défis posés par l’émergence de nouvelles technologies comme le chemin de fer. Ces façades continuent de captiver, rappelant l’époque où Londres se modernisait rapidement tout en cherchant à préserver son caractère et son esthétique traditionnels.

Ces façades, bien que purement esthétiques, nous rappellent l’importance des apparences dans l’architecture urbaine et les longueurs auxquelles les concepteurs sont prêts à aller pour harmoniser technologie et tradition dans les espaces urbains.

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