Anthropodermique bibliopegy : les livres reliés en peau humaine

Les origines de la pratique

L’anthropodermique bibliopegy, soit l’art de relier des livres en peau humaine, est une pratique controversée et rare ayant ses racines au XIXe siècle. Utilisée principalement pour des ouvrages spécialisés, elle incarnait un sinistre côté de la culture bibliophile. Si cette méthode reste marginale, elle intrigue pour ses motivations médicales, légales ou sentimentales.

Le cas de Harvard

L’exemple le plus notoire est sans doute celui de l’ouvrage Des destinées de l’âme d’Arsène Houssaye, un texte philosophique du XIXe siècle conservé à la bibliothèque de l’université Harvard. Les chercheurs ont confirmé en 2014 que le livre est relié en peau humaine, un acte attribué au médecin Ludovic Bouland. Selon Bouland, la peau provenait du corps non réclamé d’une patiente de son hôpital, et il considérait cette reliure comme un hommage.

Les motivations derrière la pratique

Les motivations pour relier des livres en peau humaine varient :

  • Médicales : certains ouvrages médicaux sont reliés en peau humaine pour symboliser leur contenu. Des livres d’anatomie ou de chirurgie ont parfois été ainsi reliés.
  • Légales : certains récits de crimes, particulièrement macabres, ont été reliés avec la peau de criminels exécutés. Les juges et officiers les considéraient comme des trophées de la justice.
  • Sentimentales : certains amoureux ont demandé à être immortalisés par une reliure après leur décès.

La science derrière l’authentification

Des tests scientifiques, comme l’analyse des protéines par spectrométrie de masse, permettent de distinguer les différentes espèces animales, confirmant si une reliure est en peau humaine. De nombreux livres prétendument reliés en peau humaine se sont révélés être en réalité en cuir animal.

Conclusion

Bien que fascinante, l’anthropodermique bibliopegy pose des questions éthiques et morales sur la place de l’humanité dans l’art et la mémoire. Ces reliures, quoique rarissimes, offrent un aperçu des pratiques du passé et suscitent une réflexion sur la valeur symbolique que nous attribuons aux livres et aux matériaux utilisés pour les confectionner.

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