Les jeunes amish et le rumspringa : un rite de passage essentiel

Un jeune Amish à un carrefour entre la communauté traditionnelle et le monde moderne
Un jeune Amish debout à un carrefour, illustrant le choix entre rester dans la communauté Amish ou rejoindre le monde extérieur moderne.

Le « Rumspringa » est une pratique culturelle et religieuse unique chez les Amish, souvent méconnue ou mal comprise. Cette période charnière offre aux jeunes Amish la possibilité de faire un choix crucial qui façonnera le reste de leur vie : rester au sein de leur communauté ou s’en éloigner pour toujours. Cet article explore en profondeur le concept du Rumspringa, ses implications sociales, religieuses et personnelles pour les jeunes Amish, ainsi que les conséquences des décisions qu’ils prennent.

Le Rumspringa : définition et origine

Le terme « Rumspringa » provient du dialecte allemand parlé par les Amish, signifiant littéralement « courir dans tous les sens ». Cette période commence généralement à l’adolescence, autour de 16 ans, et précède l’âge adulte dans les communautés Amish. Bien que souvent associée à des comportements de rébellion ou d’expérimentation, la réalité du Rumspringa est plus nuancée et dépend fortement des sous-groupes Amish et des traditions locales.

Origine culturelle et religieuse : Le Rumspringa est une étape cruciale dans la vie des jeunes Amish, car elle précède leur décision de se faire baptiser dans la foi Amish, un engagement de vie très sérieux. Le baptême Amish est un choix volontaire, qui ne peut être forcé, et cette période de liberté permet aux jeunes de découvrir la vie en dehors des strictes règles de leur communauté.

Comment se déroule le Rumspringa ?

Pendant le Rumspringa, les jeunes Amish peuvent expérimenter la vie dans le « monde anglais » (c’est-à-dire le monde extérieur non-Amish). Cela peut inclure l’usage de la technologie moderne, la conduite de voitures, l’essai de vêtements modernes, et parfois même la participation à des activités comme sortir en boîte de nuit ou consommer de l’alcool. Cependant, toutes ces expériences dépendent de l’individu et de la sévérité des règles imposées par leur famille ou communauté.

Un choix de vie libre mais structuré : Contrairement à l’image souvent exagérée d’une période de débauche, beaucoup de jeunes Amish restent dans les limites de leur mode de vie conservateur même pendant le Rumspringa, et peu d’entre eux se livrent à des comportements extrêmes. Il est également important de noter que, durant cette phase, les jeunes ne sont pas encore baptisés, ce qui signifie qu’ils ne sont pas tenus de suivre les règles rigides de leur communauté, telles que le rejet de la technologie et l’obéissance stricte à l’Ordnung, le code de conduite Amish.

La décision cruciale : rester ou partir ?

Le Rumspringa dure généralement plusieurs mois, voire plusieurs années, au cours desquels les jeunes doivent décider s’ils veulent être baptisés et rejoindre définitivement la communauté Amish ou quitter cette dernière pour adopter la vie moderne. Cette décision a des répercussions majeures, tant sur le plan spirituel que social.

  • S’ils choisissent de rester : Ceux qui décident de revenir dans la communauté se font baptiser, ce qui signifie qu’ils s’engagent à respecter les enseignements de l’Église Amish pour le restant de leur vie. Cette décision les oblige à renoncer aux influences extérieures et à vivre selon les principes de modestie, de simplicité, et de travail acharné, conformément à l’Ordnung.
  • S’ils choisissent de partir : Les jeunes qui décident de ne pas revenir sont souvent exclus de leur communauté. Toutefois, le niveau d’exclusion varie d’une communauté à l’autre. Dans certaines communautés très conservatrices, cela peut signifier une coupure totale, voire l’ostracisme de la famille. Dans d’autres communautés plus libérales, la séparation est moins stricte, et les contacts peuvent être maintenus, bien que limités.

L’impact émotionnel et social de la décision

La décision de quitter ou de rester a des conséquences profondes, notamment émotionnelles et sociales. Ceux qui choisissent de partir peuvent éprouver une grande perte en étant coupés de leur famille et de leur réseau de soutien. En même temps, la vie dans le « monde anglais » peut être une source d’incertitude, d’isolement et de défis pour des jeunes qui ont grandi dans un cadre strict et communautaire.

D’autre part, ceux qui choisissent de revenir à la communauté Amish s’engagent dans une vie de simplicité et de conformité, en renonçant à l’individualisme et à la modernité. Bien que cette vie soit gratifiante pour ceux qui y trouvent un sens spirituel, elle peut aussi être perçue comme limitante pour d’autres.

Le mythe et la réalité du bannissement

Contrairement à une croyance populaire, tous les Amish ne bannissent pas systématiquement ceux qui quittent la communauté après le Rumspringa. Le bannissement ou « Meidung » est appliqué de manière stricte dans certaines communautés, tandis que dans d’autres, les liens familiaux et amicaux peuvent être maintenus même si un individu choisit de ne pas revenir.

Nuances culturelles : Il est essentiel de comprendre que les Amish ne sont pas un groupe monolithique. Il existe différentes communautés Amish avec des degrés variés de conservatisme. Les Old Order Amish, par exemple, sont plus susceptibles d’appliquer strictement le bannissement, tandis que les Amish plus progressistes peuvent être plus tolérants à l’égard des choix de vie différents.

Conclusion : un choix entre tradition et modernité

Le Rumspringa représente une opportunité unique pour les jeunes Amish d’explorer la vie en dehors des frontières rigides de leur communauté et de prendre une décision éclairée quant à leur avenir spirituel et personnel. Ce rite de passage est à la fois une période de liberté et de responsabilité, un moment où ils doivent équilibrer leur curiosité pour le monde moderne avec leur attachement à leurs racines traditionnelles. Le choix qu’ils font pendant cette période est déterminant, mais il est également profondément personnel, et chaque jeune Amish le vit différemment.

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