La tradition insolite des cosmonautes russes avant le lancement

Un cosmonautes russe exécutant un rituel traditionnel avant le lancement d’une mission Soyouz.
Un cosmonautes perpétue une tradition avant de monter à bord de la fusée pour une mission.

La Russie, avec son histoire riche dans l’exploration spatiale, regorge de traditions fascinantes qui entourent ses missions. Une des plus connues et des plus surprenantes est celle du rituel que les cosmonautes accomplissent avant leur départ pour l’espace. Il s’agit de la tradition de faire pipi sur la roue arrière du bus qui les conduit à la fusée. Cette pratique, bien qu’elle puisse sembler étrange, est respectée depuis des décennies, et elle trouve ses racines dans un moment clé de l’histoire spatiale russe : le vol historique de Youri Gagarine, le premier homme à être allé dans l’espace.

Les origines de la tradition avec Youri Gagarine

L’origine de cette tradition remonte au 12 avril 1961, lors du lancement de Youri Gagarine pour la mission Vostok 1. Avant d’embarquer dans la fusée qui allait l’emmener au-delà de l’atmosphère terrestre, Gagarine, en pleine préparation, a ressenti un besoin naturel. En homme pragmatique, il a demandé au chauffeur du bus qui le transportait de s’arrêter brièvement. Gagarine est alors descendu et, sans penser aux conséquences futures de ce geste, a uriné contre la roue arrière droite du bus. Ce moment a été considéré comme un porte-bonheur par les cosmonautes suivants, voyant en ce geste un moyen de se garantir la réussite de leur mission.

Depuis ce jour-là, chaque membre masculin des équipages partant en mission depuis Baïkonour se conforme à cette coutume, avant de monter dans la capsule spatiale pour un vol souvent dangereux et incertain.

Un rituel respecté principalement par les hommes

Cette tradition est devenue un passage quasi obligatoire pour les cosmonautes masculins, mais elle est légèrement adaptée pour les femmes. Bien que les premières femmes cosmonautes n’aient pas participé à ce rituel, certaines ont trouvé des moyens symboliques de l’honorer. Par exemple, Valentina Terechkova, première femme dans l’espace en 1963, n’a pas suivi cette tradition. Cependant, des membres d’équipage féminins plus récents ont parfois utilisé des échantillons d’urine pour marquer symboliquement cette superstition, même si cela n’est pas aussi répandu que chez leurs homologues masculins.

En réalité, la logistique autour du port de combinaisons spatiales complexes et les différences physiologiques expliquent pourquoi cette tradition est principalement masculine. Cependant, les cosmonautes féminines trouvent d’autres moyens, plus symboliques, de perpétuer cette coutume si elles le souhaitent, renforçant ainsi leur connexion avec les pionniers de l’espace.

Un rituel au-delà du pipi : d’autres superstitions spatiales russes

Cette tradition n’est qu’une des nombreuses superstitions et rituels respectés par les cosmonautes russes avant leur départ. L’espace, de par son caractère hostile et imprévisible, a souvent poussé les explorateurs à s’accrocher à des gestes symboliques. Parmi ces traditions, on retrouve :

  • La projection d’un film spécifique : la veille du lancement, les cosmonautes visionnent toujours le film soviétique de 1969 « Le Soleil blanc du désert ». Ce film est considéré comme porte-bonheur.
  • Planter un arbre à Baïkonour : chaque astronaute plante un arbre dans l’allée de la cosmonautique avant de partir en mission, en hommage aux premiers cosmonautes.
  • Le rituel de l’œuf cassé : un œuf est symboliquement cassé contre les panneaux solaires de la fusée, un geste censé apporter chance et sécurité au voyage.

Une tradition en voie de disparition ?

Il est intéressant de noter que ces rituels, bien que profondément ancrés dans la culture des cosmonautes russes, évoluent au fil du temps, en particulier avec l’internationalisation des équipages spatiaux. Les cosmonautes venant d’autres pays ne sont pas toujours familiers avec ces traditions et peuvent ne pas participer à ces rituels.

Cependant, pour les cosmonautes russes, en particulier ceux de la mission Soyouz, la tradition de faire pipi sur la roue du bus reste vivante. Le respect de ce rituel est vu non seulement comme un hommage aux anciens, mais aussi comme une manière de gérer le stress immense lié aux missions spatiales. À chaque lancement, l’équipage suit une série de traditions et rituels qui permettent de renforcer la cohésion et de réduire l’anxiété.

La science derrière les rituels : simple superstition ou outil psychologique ?

Les rituels, bien qu’ils puissent sembler superstitieux, jouent un rôle important dans la préparation mentale des cosmonautes. Les missions spatiales sont accompagnées de risques énormes, et chaque geste, chaque détail compte. La routine et les rituels permettent de structurer le processus de départ, de le rendre plus prévisible et donc moins stressant.

Des études en psychologie ont démontré que les rituels aident à réduire l’anxiété et à renforcer la concentration. En ce sens, la tradition du pipi sur la roue du bus, bien qu’amusante, remplit un rôle important dans la gestion des émotions et des attentes avant un événement aussi crucial qu’un vol spatial.

Rappel important

Bien que cette tradition puisse paraître inoffensive, elle reflète un environnement où des comportements spécifiques sont jugés bénéfiques pour le succès de la mission.

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