Multitâche : les différences entre hommes et femmes expliquées
L’idée que « les femmes savent faire deux choses à la fois alors que les hommes non » est un stéréotype bien ancré dans la culture populaire, mais il est important de comprendre qu’il ne repose pas sur une base scientifique solide. Voici un approfondissement complet sur la question, expliquant d’où vient cette croyance, ce que la science dit réellement à ce sujet et comment interpréter les résultats des études sur le multitasking (multitâche) selon les genres.
Origine du stéréotype
L’idée que les femmes seraient meilleures que les hommes dans le multitasking semble avoir émergé en raison de rôles sociaux et historiques. Pendant longtemps, les femmes ont souvent été assignées à des tâches domestiques, nécessitant de gérer plusieurs responsabilités à la fois : prendre soin des enfants, cuisiner, nettoyer, etc. Cela a contribué à la perception que les femmes sont plus douées pour accomplir plusieurs tâches simultanément. Cette croyance s’est renforcée avec le temps, même si elle repose plus sur des observations anecdotiques que sur des preuves scientifiques.
Qu’est-ce que le multitasking ?
Le multitasking, ou capacité à accomplir plusieurs tâches en même temps, est un phénomène complexe. Les recherches montrent que notre cerveau n’est pas conçu pour gérer simultanément plusieurs activités complexes. En réalité, ce que nous appelons multitasking est souvent une forme de « task-switching », c’est-à-dire une alternance rapide entre différentes tâches, ce qui peut entraîner une baisse de performance.
Ce que dit la science
Différences cérébrales entre hommes et femmes
Il est vrai que certaines études neurobiologiques ont observé des différences dans la connectivité cérébrale entre les hommes et les femmes. Une étude de 2013 publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences a révélé que les cerveaux des femmes montraient plus de connectivité entre les deux hémisphères, tandis que ceux des hommes avaient une plus grande connectivité à l’intérieur des hémisphères. Cela a conduit certains chercheurs à suggérer que cette différence pourrait permettre aux femmes de mieux gérer des tâches simultanées.
Cependant, il est important de noter que cette connectivité cérébrale ne signifie pas automatiquement que les femmes sont meilleures en multitasking. D’autres facteurs comme l’éducation, l’environnement, la pratique et la complexité des tâches jouent un rôle bien plus important que le sexe biologique dans la capacité à effectuer plusieurs tâches.
Études sur le multitasking et le genre
Des recherches empiriques ont été menées pour mesurer la capacité de multitasking entre hommes et femmes. Une étude menée en 2016 par des chercheurs de l’Université de Bergen en Norvège a montré que, dans des situations contrôlées, il n’y avait pas de différence significative entre les sexes dans leur capacité à effectuer plusieurs tâches en même temps. Les deux sexes ont tendance à perdre en efficacité et en précision lorsqu’ils tentent de se concentrer sur plusieurs choses à la fois.
Une méta-analyse publiée dans la revue Psychological Bulletin a également conclu que les différences de multitasking entre hommes et femmes sont minimes, voire inexistantes. La variabilité observée est plus souvent due aux différences individuelles qu’à une différence liée au genre.
L’inefficacité générale du multitasking
Une autre idée essentielle à retenir est que le multitasking est généralement inefficace, quel que soit le genre. Des études montrent que même si certaines personnes peuvent avoir l’impression d’être productives en gérant plusieurs tâches simultanément, cela conduit généralement à une baisse de la qualité du travail, à des erreurs et à une augmentation du temps nécessaire pour accomplir chaque tâche. Le multitasking cognitif, en particulier, surcharge le cerveau, ce qui peut entraîner une fatigue mentale.
Des recherches menées par le Cognitive Neuroscience Society montrent que le multitasking peut provoquer une perte de productivité allant jusqu’à 40 %, car le cerveau doit constamment se réajuster entre les tâches. Cela est vrai pour tout le monde, indépendamment du genre.
Multitasking et environnement social
Si certaines études ont montré que les femmes peuvent être légèrement plus performantes dans certaines situations multitâches, cela peut aussi être lié à des facteurs socioculturels et non biologiques. Par exemple, la répartition des tâches domestiques et familiales dans certaines cultures pourrait pousser les femmes à développer de meilleures compétences organisationnelles et de priorisation, mais cela ne signifie pas que leur cerveau est naturellement mieux adapté au multitasking.
Les rôles sociaux évoluent, et les hommes sont de plus en plus impliqués dans les responsabilités domestiques et parentales, ce qui pourrait, avec le temps, niveler les différences observées dans le traitement simultané de plusieurs tâches.
Conclusion
En résumé, l’affirmation selon laquelle les femmes seraient meilleures que les hommes en multitasking est principalement un stéréotype culturel et non une réalité scientifique. Bien que certaines recherches montrent des différences structurelles entre les cerveaux des hommes et des femmes, ces différences n’ont pas un impact significatif sur la capacité à gérer plusieurs tâches à la fois. Le multitasking est généralement inefficace pour tout le monde, quel que soit le sexe, et les différences entre individus jouent un rôle bien plus important que celles entre les genres.
